[France-Écosse] Comment doit-on aplatir le ballon ?

Dimanche, durant le match entre la France et l’Écosse, un arbitrage vidéo a été demandé suite à une action d’essai du centre tricolore Rémi Lamerat. Cela a soulevé quelques discussions ; revoyons donc la règle, à froid, dans l’objectif de clarifier un peu la prise de décision.

Sur une sortie de balle à 5 mètres de la ligne de but des bleus, le n°13 blanc fait jouer sa puissance et tente d’aplatir le ballon du bout des doigts. L’arbitre sud-africain du match, Jaco Peyper, fait appel à la vidéo pour juger de la validité du touché à terre. Finalement, l’essai sera refusé pour un en-avant.

lamerat_auriculaire

Ce n’est pas évident sur ce Gif, mais il est assez clair que le petit doigt de Rémi Lamerat reste en contact avec le ballon jusqu’à ce qu’il touche le sol.

Il convient de se demander quelles sont les conditions requises pour faire un touché à terre. Tout d’abord, lisons la règle afin de dissiper certaines idées reçues :

22.1 TOUCHÉ À TERRE

Un joueur peut faire un touché à terre de deux façons :

(a) En touchant le sol avec le ballon. Un joueur fait un touché à terre lorsqu’il tient le ballon et le met en contact avec le sol dans l’en-but. Le terme « tenir » signifie avoir le ballon dans sa ou ses mains, ou dans son ou ses bras. Il n’est pas nécessaire d’exercer une pression vers le bas.

(b) En appuyant sur le ballon. Un joueur fait un touché à terre lorsque le ballon est au sol dans l’en-but et que le joueur exerce sur celui-ci une pression de haut en bas, de la ou des mains, du ou des bras ou de la partie avant du corps comprise entre la taille et le cou, taille et cou inclus.

Sur l’action que nous étudions, le n°13 blanc est porteur du ballon, il s’agit donc du premier cas de figure. La règle stipule qu’il n’est pas nécessaire d’effectuer une pression franche sur le ballon ; seulement, dans quelles conditions faut-il le mettre au sol ?
Jusqu’au mois de juin dernier, on n’attendait pas du porteur du ballon qu’il contrôle celui-ci. Il fallait simplement que le joueur reste en contact avec le ballon lorsque celui-ci touche le sol, comme le montre cette directive datant de mai 2016 :

S’il y avait une perte de contact claire et évidente entre le ballon et la main, cela signifierait que [le joueur] n’est plus porteur du ballon. […] La notion de « contrôle » n’est mentionnée nulle part.

— Source : SA Referees (le site officiel des arbitres de la fédération sud-africaine)

À défaut d’une clarification officielle en provenance de World Rugby, cette interprétation de la règle fut celle appliquée par les arbitres, y compris durant les matchs internationaux. On se souvient notamment de ce cas de jeu similaire survenu lors du match entre les Samoa et l’Écosse durant la dernière Coupe du Monde ; l’essai a finalement été accordé avec la justification suivante : « no separation between the hand and the ball, you may award the try — pas de perte de contact entre le ballon et la main, tu peux accorder l’essai ». C’est pour cela que dans un premier temps, les observateurs les plus avisés avaient de bonnes raisons de penser que l’essai du n°13 blanc devait être accordé.

Cependant, le patron des arbitres européens Joël Jutge a effectué la précision suivante suite au match d’hier : « Contrairement a ce qui a été évoqué, l’essai de Rémi Lamerat n’est pas valable. S’il est fait mention de la notion « d’espace » entre la main et le ballon au moment d’aplatir celui-ci dans l’en-but pour un essai, cette notion de séparation, ou pas, n’est plus appliquée par les arbitres. »
Et d’expliquer : « Nous nous sommes réunis à Stellenbosch en juin dernier et nous avons donné comme consigne aux arbitres internationaux de tenir compte de la notion de contrôle du ballon et plus seulement de contact main-ballon. Sans doute que nous n’avons pas assez communiqué sur ce sujet, c’est souvent notre problème [et c’est ce qui explique que nous nous soyons fourvoyés dans un premier temps avant de corriger cet article], mais cette consigne est bel et bien appliquée depuis lors. »

Par conséquent, il n’est pas surprenant que l’essai ait été refusé par M. Fitzgibbon, l’arbitre vidéo du match. L’auriculaire n’aura pas suffi.

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