Comment juger un en-avant de passe ?

L’arbitrage des en-avants de passe sème le trouble depuis le début de la saison. Les consignes données aux arbitres ne sont pas forcément claires, et les commentateurs de Canal+ ne parviennent pas à les expliquer. Alors, que peut-on dire de cette règle ?

Ces derniers temps, les amateurs de balle ovale ont pu exprimer leur mécontentement suite aux nouvelles directives édictées par l’IRB concernant les passes. Il faut toutefois savoir que la règle est exactement la même que l’an dernier (et attention, sa formulation est importante) :

Il y a passe en-avant lorsqu’un joueur lance ou passe le ballon en avant. En avant signifie vers la ligne de ballon mort de l’équipe adverse.

Deux interprétations de cette règle étaient auparavant admises :
La première, celle que tout le monde considérait indubitable, c’est que le référentiel pour juger d’une passe est le terrain ; en somme, lorsque le ballon est récupéré devant l’endroit où il a été lâché, la passe est en-avant.
La deuxième interprétation est de siffler une passe en-avant si le ballon est lancé vers l’avant à partir des mains du passeur. En effet, lorsqu’un joueur fait une passe en courant, le ballon se déplace également vers l’avant, même si ce dernier a été lancé vers l’arrière : c’est l’inertie. De ce fait, on juge l’action du joueur (s’il a lancé ou non le ballon vers l’avant) et non le résultat de la passe (si le ballon a été récupéré devant l’endroit où il a été lancé).

Le problème est que durant longtemps, les observateurs pensaient être dans le vrai en analysant l’avancée du ballon par rapport au terrain. Les diffuseurs utilisaient la fameuse palette en traçant une ligne au sol lors des passes. De fait, cette interprétation a été validée par tous, alors que ce n’était la bonne.

L’an dernier, en demi-finale de Top 14, l’essai refusé à Yannick Jauzion en demi-finale face à Toulon a ouvert une polémique (l’article que nous avions écrit à l’occasion a pulvérisé tous les records de notre site). En effet, la passe de Jean Bouilhou se dirigeait bien vers l’arrière, mais l’essai avait été refusé.
Depuis ce cas de jeu, l’IRB a officialisé l’interprétation du référentiel joueur via le nouveau protocole vidéo. Cette précision pourtant simple a été rendue compliquée, en évoquant régulièrement la notion de direction des mains, ou d’intention du joueur. Or, ce n’est pas le sujet :

En ce qui concerne les passes en avant, le TMO ne doit pas juger la trajectoire du ballon mais l’action du joueur qui a passé le ballon, c’est-à-dire si les mains du joueur effectuant la passe ont eu un mouvement vers sa propre ligne de but. […] Pour juger un ballon passé en avant, le ballon doit être passé en avant à partir des mains du joueur et la trajectoire du ballon ne devrait pas être prise en considération.

Le terme de « direction des mains » n’existe donc pas. Et pour cause : regarder les mains est une fumisterie, on pourrait leur faire dire n’importe quoi.
Ce qu’il faut comprendre de cette nouvelle directive, c’est que l’en-avant doit se juger en fonction de l’action du joueur qui a passé le ballon. En fait, comme le dit la règle, il faut que le ballon ne soit pas lancé vers la ligne de ballon mort adverse. Sa trajectoire n’a que peu d’importance.

Cette consigne, visant à éviter des en-avants lors des envolées au large, est donc essentielle pour un rugby plus fluide. Et son application n’est finalement pas nouvelle. En effet, sans elle, la majorité des passes faites entre trois-quarts seraient sifflées en-avant. Il s’agit juste de la comprendre et de l’intégrer, maintenant.

2 Commentaires

  1. et un nouvel article sur ça demain avec ST vs Clermont ^^.

  2. Si seulement quelqu’un pouvait l’expliquer aux commentateurs de Canal+ …

    En bonus une vidéo de l’IRB très intéressante que je ressors à chauqe fois qu’on parle de cette histoire de « direction des mains » : http://www.youtube.com/watch?v=box08lq9ylg

Espace de discussion