[Zoom] Le jeu au sol

Directement issu du jeu courant, le jeu au sol est souvent mal compris par les spectateurs, les journalistes, et parfois même par nous autres arbitres. Dans cet article, nous allons tenter à quatre mains de comprendre la règle et l’esprit de ce secteur de jeu.

1re Partie – Rappel des Règles

Les journalistes le répètent régulièrement : le jeu au sol est une des phases les plus délicates du rugby moderne. En un sens, ce n’est pas faux. Petit rappel des règles…

Commençons par le B.A.-BA. Un plaquage a lieu lorsqu’un joueur porteur du ballon est simultanément tenu et mis au sol par un ou plusieurs adversaires (c’est la définition exacte !). Si les adversaires en question vont au sol avec le plaqué, ils sont appelés plaqueurs. Sinon, ce sont des assistants-plaqueurs. Dès lors, tous ces joueurs sont soumis à des obligations.

Pour le plaqueur : 1) lâcher le plaqué, 2) se relever ou s’éloigner.
Pour le plaqué : 1) lâcher le ballon (ou le passer), 2) se relever ou s’éloigner.

Craig Joubert siffle une pénalité pour l’équipe de France, lors de la dernière finale de la coupe du monde. La raison ? Le plaqueur ne s’est pas sorti, empêchant ainsi la sortie du ballon.

Qui dit plaquage, dit zone de plaquage (à ne pas confondre avec le ruck) ! Il s’agit d’une zone d’environ un mètre autour du plaqueur et du plaqué, lorsqu’ils sont au sol. Dans cette zone, l’arbitre doit être très vigilant. Les joueurs peuvent contester le ballon, à condition bien sûr d’être sur leurs appuis. Les soutiens des deux équipes sont cependant obligés de repasser par leur camp (par la porte !) ; seul le plaqueur peut intervenir depuis le camp adverse.

Supposons que le joueur plaqué jette le ballon loin derrière lui après être tombé au sol. Si le ballon sort de cette fameuse zone de plaquage, n’importe quel joueur qui passe par là peut s’en saisir. 

Un ruck se forme avec au moins un joueur de chaque équipe. Ces deux joueurs doivent être debout, physiquement au contact, et entourer le ballon au sol dans le champ de jeu. Le ruck implique que le gain du ballon ne peut se faire qu’à la poussée (sauf pour les deux premiers joueurs à l’origine de celui-ci). Le ruck implique également la création de lignes de hors-jeu, passant par le dernier pied du dernier participant au ruck. Il est inutile de vous passer en détail toutes les règles inhérentes à la mêlée spontanée, surtout si nous voulons que vous lisiez la seconde partie, juste là.

2e Partie – l’Application de ces Règles par l’Arbitre

Passons à l’abstrait. Ces règles ont été interprétées, réinterprétées et ce processus est en continuel remous : à croire que le mouvement perpétuel si cher à nos physiciens trouve ses sources dans l’essence de l’arbitrage.

Au Rugby, les signaux de l’arbitre sont très importants pour faire comprendre les fautes aux joueurs et aux spectateurs. Ici, George Clancy siffle une entrée sur le côté.

Il arrive souvent que le niveau d’un arbitre soit jugé directement en fonction de son niveau au sol, un peu comme un gymnaste finalement ; on ne niera pas l’importance cruciale du secteur dans le jeu, donc dans l’arbitrage. Alors, comment « arbitrer » ? Comment concilier ces différentes règles ? En est-il de plus importantes que d’autres ? La réponse à cette dernière question est négative. Toutes les règles sont égales, la seule chose qui compte est le contexte.

Le contexte ? On pourrait par exemple citer un plaqueur qui ne se sort pas parce que sa cheville est en jeu s’il force la sortie, un plaqué qui ne peut pas lâcher le ballon car un soutien « bloqueur » est bien présent (cf. Masoe à Castres), …

À titre personnel, puisque chacun de nous a sa propre idée sur le sujet, je reste disciple de René Deleplace et son « égalité des chances ». C’est pourquoi il est primordial d’arbitrer l’intention avant l’action. Un plaqueur « libre » ne faisant aucun effort pour permettre au plaqué de libérer convenablement son ballon est sanctionnable et à sanctionner. Si le plaqué en revanche ne manifeste aucune envie de libérer son ballon (et dès lors la situation lui reste quand même favorable !)… Eh bien, il faut faire des choix ; ou plutôt un choix à réitérer systématiquement durant le match. On ne répètera jamais assez l’importance de la cohérence dans les mesures prises.

Évidemment, on préfère les arbitres qui vont dans le sens du jeu, c’est-à-dire ceux privilégiant la liberté donnée à l’équipe attaquante et aux soutiens offensifs (Kaplan, Walsh parfois, Pollock, …). On objectera cependant que de plus en plus d’arbitres adoptent un avantage envers l’équipe qui avance en dernier (ce qui correspond aussi à l’esprit de la règle !), comme Wayne Barnes, ou notre mythique Patrick Péchambert.

Alors, quoi ? Qui ? Comment ?

– Quoi prendre ? L’arbitrage c’est la science des choix, et l’essence de l’arbitrage se retrouve dans le jeu au sol. Personne ne peut apporter de réponse ici, la seule bonne réponse est un jeu au sol vite clarifié.

– Qui prendre ? Le plaqué, le plaqueur, les soutiens offensifs, les assistants plaqueurs, les soutiens défensifs ? (Quoique ces derniers ne posent que rarement des difficultés.)  Il faudrait prendre le malin, le cynique, le Mc Caw… Plus facile à dire qu’à faire, hein ?

– Comment faire ? Siffler, tendre le bras, et dire « numéro 7 noir en travers ». Prévenir aussi s’avère souvent plus utile que siffler, notamment dans des matchs jugés à haut risque où faire vivre le jeu est un impératif pour l’arbitre.

Mais… D’ailleurs… C’est ça ! Trouver LA solution pour faire vivre le jeu au maximum ! La recette ! Evidemment qu’on ne l’a pas. Au boulot !

15 Commentaires

  1. bonjour
    je voudrais savoir si c’est « légale » de poser ses mains au sols plutot que sur le ballon quand on est défenseur pour éviter d’être déblayé j’imagine

    1. Il faut contester le ballon. En mettant les mains au sol on n’est plus sur ses appuis.

  2. Mader laurent · · Réponse

    Bonjour , je passes mon Level 1 coach et postule pour le Level 2 coach IRB. Je fais les test « RUGBY LAWS »
    Je suis coincer sur 3 questions . » Pouvez Vous m’AIDER  » s’il vous plait ?

    N°1)règle 10. » jeu déloyal »question 2 : pour moi la réponse est 1) coup de pied de renvoi (aplatit dans son en-but) et exclusion temporaire du joueur fautif (plaquage à retardement sur le jouer à la réception)..

    N°2)règle 17; »Maul »question 1 : en me fiant aux règle IRB je ne vois que les réponses 1,4 et 5.

    Enfin N°3) règle « Touche et Alignement » question 6 :cette fois si je pense aux réponse 1,2,3 et 5.

    Voila je ne cherche pas à tricher juste à comprendre mieux le raisonnement . en espérant une réponse objective et claire de votre par .

    Maruru de Polynésie.

    Mader laurent entraineur école de rugby FFR ,coach sénior Fédération Tahitienne de Rugby.

    1. Bonjour Laurent… On aimerait bien t’aider mais il nous faudrait les questions et les réponses pour ça !

  3. une dernière question; dans un ruck un joueur en protection avec des coequipiers derrière lui peut il se saisir du ballon (placé dans son camp)
    soit pour quitter le ruck
    soit pour le passer derriere lui.

    1. Dans l’absolu, s’il est lié au ruck il ne peut pas manipuler le ballon avec les mains. 😉

  4. dans la situation ou le plaqué est au sol avec 2 protections et sans défenseur au contact (donc pas de ruck) est il possible à un défenseur de se saisir d’un ballon disponible
    merci

    1. Dans ce cas-là, le ballon est encore dans la zone de plaquage : si le défenseur veut le récupérer, il doit passer par l’axe. Et s’il passe par l’axe, il va entrer en contact avec les joueurs « protection ». Donc à partir de ce moment-là où les soutiens se mettent en place, c’est impossible de récupérer le ballon à la main. 😉

      1. Homonien Sagace · · Réponse

        Règle 15.4 c) Le plaqueur doit se relever avant de jouer le ballon et peut ensuite jouer le ballon de n’importe quelle direction
        Question : Est-ce valable si les soutiens offensif sont là ?

        1. Oui bien entendu, l’essentiel étant qu’aucun ruck ne se soit formé entre temps !
          Une petite vidéo pour illustrer :

  5. une question sur ce sujet car nous n’étions pas d’accord en réunion.
    Sur une zone de plaquage, pas de lignes de HJ ? Donc un joueur dans le camp adverse pourra intercépter le ballon dès que celui-ci sera sorti de la zone de plaquage ?

    1. Pas de lignes de hors-jeu mais une zone de plaquage (environ un mètre autour du plaqué). Si le ballon en sort, il est disponible pour tout le monde mais lorsqu’il est dedans faut passer par la porte.

      1. Bonjour. Désolé pour le déterrage de sujet mais je cherche un éclairage sur le point suivant et je ne trouve pas de réponse dessus. Règle 15.6.g: « Un joueur qui obtient le premier la possession du ballon lors d’un plaquage ou près d’un plaquage peut être plaqué par un adversaire à condition que ce dernier plaque en arrivant du côté de sa ligne de but et en arrière du ou des joueurs impliqués dans le plaquage les plus près de leur ligne de but.  » Mon doute est : peut-il être plaqué dans la zone de plaquage ou les défenseurs doivent-ils attendre qu’il sorte de la zone pour pouvoir le plaquer (tout en respectant la porte bien évidemment) ?
        Merci d’avance. Au passage votre page est très utile !

        1. Bonjour ! Un joueur qui ramasse le ballon au sol tout de suite après un plaquage peut être plaqué à son tour, mais s’il n’a pas eu le temps de sortir de la zone, les défenseurs ne peuvent (théoriquement) pas intervenir sans repasser par leur camp.

    2. Educateur j’ai rencontré des situations ou des enfants ne protégeaient pas bien le ballon. La protection s’effectuait jambe fléchie au dessus du plaqué avec un ballon sur le coté du plaqué sans la moindre protection et donc accéssible par les défenseurs sans contact.

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