On dit des grands qu’ils ne font jamais rien comme tout le monde… C’est ainsi que Steve Walsh a, à la surprise générale, annoncé sa retraite du sifflet, à quelques mois de la Coupe du Monde et entre les deux matchs du Six Nations qu’il aurait dû arbitrer. — Photo Hagen Hopkins, Getty Images

En apprenant le double forfait de Steve Walsh sur ce Six Nations pour raisons professionnelles, lui dont le job à ce moment était justement… d’arbitrer, les langues commençaient à se délier au sujet de l’arbitre le plus photogénique du panel, sans pour autant qu’on puisse se douter de l’ampleur du problème.

Finalement, la nouvelle est tombée, jeudi 19 mars au soir. Retraité. Ce sont vraisemblablement de nouvelles opportunités professionnelles dans le domaine de la grande distribution qui ont eu raison de son sifflet.

Le principal intéressé s’est expliqué en ces termes : « Ce serait une injustice pour tout le monde du rugby — supporters, arbitres ou joueurs — si j’étais incapable d’être à 100 % et de concentrer toute mon attention dans l’arbitrage. Je ne veux pas que mes nouveaux choix aient un impact sur l’intégrité des compétitions dans lesquelles je suis impliqué. »

Ce qu’il retient de ses vingt-sept années d’arbitrage ? « J’ai vécu mon rêve et je suis vraiment reconnaissant pour chaque expérience que j’ai connu dans le monde du rugby. Ce fut une aventure incroyable. »

Alors, Steve Walsh s’en va. Une légende s’en va. L’homme aux trois coupes du monde arbitrées, avec la bagatelle de deux quarts de finale en 2003 et 2011 ainsi qu’une demi-finale en 2007, ne sera pas présent sur la quatrième qui lui tendait pourtant les bras. Il aura également été présent au sifflet sur 60 test-matchs, ce qui fait de lui le troisième arbitre le plus capé sur la scène internationale, représentant successivement les fédérations néo-zélandaise et australienne. il aura enfin arbitré deux finales de Super Rugby — compétition pour laquelle il est recordman du nombre de matchs arbitrés, juste devant un certain Jonathan Kaplan.

Sa longévité exceptionnelle n’aura pas été sans heurt. Steve Walsh a en effet réussi tout au long de sa carrière à faire beaucoup parler de lui, sur les terrains comme en-dehors. La fédération néo-zélandaise n’avait en particulier pas souhaité qu’il continue son contrat d’arbitre professionnel, en 2009, suite à un incident lors d’une réunion de la SANZAR (organisme de l’Hémisphère Sud), qui était le troisième après deux suspensions pour incidents sur le terrain (désaccords marqués entre lui-même et des joueurs et/ou officiels).

Cependant, on ne saurait résumer sa carrière à ses écarts, et son retour en tant qu’affilié à la fédération australienne, s’il a suscité des commentaires particuliers, n’a pu souffrir d’aucune contestation tant Steve Walsh lors de son retour a survolé — en compagnie de quelques élus — l’arbitrage australien et mondial.

A l’heure où l’arbitrage — et les arbitres, de fait — tend à s’aseptiser du fait de l’arrivée de la vidéo, des micros pendant le match… et du professionnalisme, Steve Walsh faisait figure d’exception. Son caractère entier, s’il lui a joué des tours et causé quelques inimitiés, était apprécié de la plupart des acteurs du rugby. Il a été pendant quelques années le seul arbitre médiatique — pour des raisons positives —, sa manière de s’admirer sur l’écran géant et son physique considéré comme avantageux (lui permettant même de poser dans des magazines people) étant sources de sourires.

Après Alain Rolland en 2014, l’arbitrage perd un nouveau de ses grands. Arrêt du temps.