L’Afrique du Sud teste l’arbitrage à deux

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André Watson, manager responsable de l’arbitrage sud-africain, l’a annoncé hier : l’Afrique du Sud sera le premier pays à tester l’arbitrage à deux en compétition officielle. — Photo Anton Geyser

Le directeur de la Varsity Cup, Duitser Bosman, a en effet accepté la désignation de deux arbitres centraux pour chacun des matchs de cette compétition (officielle en Afrique du Sud) se tenant entre les équipes des différentes universités du pays, véritable tremplin vers le haut niveau tant pour les joueurs que pour les arbitres.

Cette compétition a depuis sa création toujours été la première à bénéficier des innovations de l’arbitrage et des nouvelles règles, et s’est toujours prêtée de bonne grâce aux requêtes des instances dirigeantes du rugby au niveau national ; on pense notamment à un arbitrage vidéo alternatif (des écrans placés dans l’en-but), au carton blanc mis en place une saison durant pour le Super Rugby… Tout a commencé lors de cette compétition, berceau de l’innovation arbitrale.

Cette année, l’expérimentation réalisée se révèle majeure pour le monde de l’arbitrage : deux personnes tiendront simultanément le sifflet (à ce stade, on suppose néanmoins qu’il ne s’agira pas du même sifflet pour les deux arbitres, ceci pouvant soulever des problèmes évidents de mobilité ainsi que des chocs tête contre tête). Généralement peu apprécié par les arbitres l’ayant testé, ce système soulève de larges interrogations quant à la cohérence des décisions et la bonne application de la séparation des tâches entre les deux arbitres de champ.

En effet, l’arbitrage demeure un sport à part entière — et il s’agit d’un des messages récurrents que nous vous transmettons. L’arbitre représente une forme d’autorité  et reste en charge du bon déroulement d’un match, étant garant de l’équité du combat et du respect de l’intégrité physique des joueurs. Dès lors, diviser — même à parts égales — ses responsabilités rendrait très difficile, voire impossible, la gestion d’un match. Pourquoi ?

Chaque arbitre possède une vision du jeu et des événements qui lui est propre. L’arbitrage n’a ainsi rien d’automatique, au contraire, et privilégier une intelligence robotique pour diriger un match de rugby tournerait à la farce. En effet, la perception de l’action, qui peut bien évidemment varier selon l’homme au sifflet, est au coeur de la décision et surtout de la non-décision, qui reste une notion jusqu’ici impossible à harmoniser.

Ainsi, associer par exemple un référé dont l’arbitrage est très strict à un autre, plus permissif, causerait préjudice à la cohérence du match. Allons même jusqu’à la caricature ; s’imaginer que la qualité de l’arbitrage est associée à la quantité d’officiels sur le terrain revient à penser que deux chefs d’état parviendraient à combler le déficit budgétaire plus efficacement.

Néanmoins, le travail a toujours résolu beaucoup de problèmes, et nous ne doutons pas que des personnes comme André Watson, ayant un nombre important de finales majeures à son actif, prennent des décisions bénéfiques à l’arbitrage. Aussi souhaitons-nous bon courage aux arbitres de Varsity Cup pour la prochaine saison !

11 Commentaires

  1. Le handball, c’est différent, car il faut rappeler qu’il n’y a pas de juges de touche (ça serait d’ailleurs pas très utile, vu qu’il n’y a pas de hors-jeu au hand). Là, au rugby, on parle d’arbitrage à deux mais en fait ça sera un arbitrage à… quatre (sans compter l’arbitre vidéo). Je ne suis pas persuadé de la nécessité d’une telle innovation.

  2. Sans équivoque, une catastrophe en approche !!!!!
    Pour l’avoir testé rien qu’en U15, c’est nul de chez nul et je vous parle même pas de ce que ça pourrait être chez les pros !
    C’est la pire bêtise possible et imaginable.
    Je pense que ça ne passera pas tellement cette « innovation » est une énormité

  3. Se genre de chose existe aussi au handball (mais déjà dit) mais aussi au rugby à XIII. Pour le rugby à XIII je ne sais pas comment ça se passe,mais pour le handball je sais que les arbitres marchent, normalement, vraiment pas paire, qu’ils arbitrent toujours ensemble et donc connaissent l’arbitrage de chacun, et surement que les binomes sont fait de sorte que se soit deux arbitres aux profil similaire.
    on par exemple bien voir un arbitre s’occupant de l’équipe qui attaque, et l’autre de l’équipe qui défend, ou encore autre chose.

    1. Imagine un match avec un arbitre pour l’attaque et un pour la défense (la « moins pire » des options). Imagine un ruck. Imagine qu’en même temps, l’arbitre de l’attaque siffle pénalité pour rentrée sur le côté et que l’arbitre de la défense siffle une pénalité pour plongeon… pour l’autre équipe.
      Injouable.

      1. ils font comment à XIII alors ?

        1. Le rugby à XIII est totalement différent du rugby à XV.

  4. ben comme au Handball, un qui arbitre les phases offensives et l’autre les phases défensives, avec des rotations en cours de match.

    1. Avec des rotations en cours de match, pour éviter toute forme de cohérence ?
      Ce serait un bordel sans nom. Et si un arbitre voit une faute mais sur le secteur de l’autre ? Aucune utilité.

      1. c’est vrai que ca marche pas au hand , c’est un vrai bordel …..

        1. C’est pas comparable ! Au handball, il y a moins de gestion à faire, et les actions sont moins interprétables. La règle de l’avantage est un gros frein également.
          Bref, gros bordel. Et encore, ça ce n’est que le côté pratique.
          Les arbitres n’aiment généralement pas arbitrer à deux.

  5. Je voudrais savoir ce qui se passera lorsque les deux arbitres de champ auront une version différente sur une action, comme pour infliger ou pas un carton jaune. Il faudra bien un arbitre principal capable de prendre la décision.

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