Un bon arbitre n’est rien sans un bon sifflet, alors détaillons un peu les différents sifflets fréquemment utilisés.

Un comparatif ? Vraiment ?

En premier lieu, on répètera — car on ne le répète jamais assez — que le très courant Fox 40 (chez nos voisins footballistiques du moins) est à bannir, sauf en cas d’une utilisation accessoire pour se positionner au-dessus des joueurs lors d’importantes échauffourées. Évidemment, faire tout un match au Fox 40 est à la portée de tous ; mais dans un sport où les joueurs ont parfois pour spécialité de s’agacer les uns les autres, est-il vraiment nécessaire de leur vriller en prime les tympans ?

La naturelle subjectivité de l’évaluation de l’arbitrage par les personnes extérieures à la corporation ajoute — et c’est tout à fait normal — une dimension esthétique à la dimension qualitative de base ; et lorsque tous les arbitres ont la même tenue, cette dimension esthétique ne s’applique plus qu’à travers leur coup de sifflet. Mais attention : histoire que nous nous comprenions bien, personne n’est en train de dire qu’on ne juge un arbitre qu’à la qualité de son coup de sifflet ; en revanche, il est imprudent de négliger cet aspect sous peine de paraître brouillon, et ce même si tout ce qui se passe dans la tête de l’arbitre est parfaitement clair.

Et, en arbitrage comme dans le reste, on arrive rarement à des résultats optimaux sans des moyens importants, même si ici l’importance demeure assez relative (et je sais que mes collègues de comptabilité apprécieront la référence), étant donné que le prix d’un sifflet dit normal (ou pourri) est assez abordable.

En effet, un sifflet basique en plastique (avec lequel on peut obtenir des résultats appréciables tout de même) tourne autour d’un euro dans les magasins de sport, un sifflet métallique tout à fait basique (avec lequel on ne peut PAS obtenir de bons résultats, à moins d’avoir été touché par la grâce du fabricant) peut s’obtenir à deux ou trois euros, et enfin un sifflet dit italien (métallique, très fin, très long, très strident, très… pourri) sera à peine plus cher. Voilà, en clair pour trois euros vous avez un sifflet, et êtes donc capables de commencer une production indirecte mais tout de même industrielle d’acouphènes, et très sincèrement ce genre d’achats est relativement déconseillé sous peine de vous retrouver avec quelques procès au cul au cours de votre longue et brillante carrière.

Parmi les arbitres, le choix du sifflet est par conséquent au coeur de la profession, et suscite de ce fait des débats importants. Parmi ceux-ci, un thème central soulevé est celui de la pertinence de l’utilisation de sifflets de la marque Acme, seule vraie grande marque de sifflets de tous types existante, et en particulier les Acme Thunderer qui sont particulièrement adaptés pour l’arbitrage de rugby. Ici, nous allons clairement soutenir en sous-jacent la thèse de la pertinence avérée.

Pourquoi ? Le son est pur, net, modulable, et dès lors d’une qualité incomparable ; et surtout, à chaque sifflet son son (ho ho ho).

Parmi les sifflets en métal, il en existe quatre types, du plus grave au plus aigu : Acme Thunderer 58, 58-5, 59-5 et 60-5. À chacun ses goûts (d’ailleurs il semble que tous ces sifflets sont représentés dans notre panel du Top 14), les auteurs d’Esprit de la Règle étant plus tournés vers le 58-5 et sa tonalité assez grave, tout en nécessitant moins de souffle que le 58 sur lequel les critiques se déchaînent à ce sujet.

Les sifflets en plastique sont quant à eux de trois types seulement, Acme n’ayant visiblement pas souhaité commercialiser l’équivalent plastique du 58. Aussi avons-nous le Thunderer 558 (version plastique du 58-5 produisant le même son), le 559 (version plastique du 59-5) et le 560 (version plastique du 60-5).

La grande différence entre les deux réside dans le fait suivant : un sifflet en plastique ne s’enraye jamais. Évidemment, ceci est à grandement relativiser dans la mesure où des sifflets Acme restent des outils d’une précision et d’une qualité extrêmes quel que soit leur matériau de composition. Notons également qu’il n’y a aucun risque de « croquer » un sifflet en plastique de la marque car ceux-ci sont très robustes (par opposition aux sifflets plastique de base) ; il s’agit là d’un grand avantage car même un requin pourrait de ce fait se mettre à l’arbitrage sans dommage majeur.

Le prix des sifflets Acme ? Plus élevé que ceux évoqués plus haut, soit, mais tout de même abordables, aucun sifflet n’étant tarifé à plus de dix euros.

La conclusion est dès lors toute trouvée : à l’heure où les équipements de rugby de manière générale voient leur coût significativement augmenter, un des biens de première consommation de l’arbitrage peut se trouver avec une grande qualité pour pas cher… Pourquoi s’en priver ? Même si l’habit ne fait pas le moine, arbitrer « à poil » n’est pas franchement recommandé.